Ils sont partis , ils sont en route ,il est long le chemin ,depuis ces pays d’ équinoxes d’or ,chemins de traverses ,de grands labeurs pour avancer le pas, a longer les murs de poussières ,le vent maltraitant qui fait courber l’ échine et les pluies sur la laine des moutons .Ils devaient savoir , eux que ce serait si long ,qu’il fallait se mettre au pas de marche très tôt ,ils devaient savoir ,sans doute , ce que nous, nous ne savions pas encore, bien sur!, Parce qu’eux étaient natifs de ces pays de grand mystère, de foi profonde .
Par un beau matin froid d’automne finissant ,ou le soleil vient éclater les croûtes de terre gelée , je me trouvai a l’affût au bord de quelque sansouire (étang) a essayer de capter sur mon objectif le pelage rosé de ces oiseaux majestueux s'ébrouant dans l'eau saumâtre ,immobiles, prêts a déployer leurs immenses ailes ,au moindre bruit suspect étranger a leur nature, et puis , alors que je soufflai dans mes doigts gourds pour les réchauffer, ils se sont élevés en rang serrés ,comme apeurés ,comme pour fuir une présence inconnue .
Et la je les ai entraperçus ,des ombres noires trouant la brume , le soleil dans leur dos, m’obligeant a cligner des yeux ,elles venaient de la bas, des‘’saintes-maries de la mer ’’ de chez ’’sainte -marie jacobée ’’ ''sainte Salomé ’’ et ’’ sainte Sara ‘’ dite la noire , sans doute pas un hasard . A chacun de leurs pas ,leur silhouette s’imposait un peu plus dans le matin naissant, elles longeaient la berge de l’étang ,et j’ai pu enfin distinguer, ils étaient trois, trois hommes au pas lourd et assuré, précédant des ânes, Aux dos alourdis de ballots. Ils allaient passer devant moi ,la lumière du jour faisait scintiller leurs robes longues, brodées de diamants ,l’un d’eux était comme ces hommes de l’autre bout du monde, tout noir . Déjà je m’écartai pour laisser place ,respectueux de cette rencontre ,respectueux sans savoir vraiment pourquoi, ils sont passés sans tourner la tête ,sans même le regard furtif qu’on jete au mendiant ,pressés qu’ils étaient, d’aller la ou ils devaient aller , carrés , costauds les bonhommes.
Je suis resté la ,longtemps après que les roseaux et le vert de l’eau a l’horizon aient gommé cette image irréelle du paysage .
Je me suis mis a bredouiller tout seul comme le fada du village :
‘’ Merde alors ….. On dirait que je viens de croiser des rois …’’
Bullit